Positions et mains de départ au Poker Texas Holdem
Bien que les mains de départ à jouer soient très importantes au Poker, elles le sont encore plus dans la variante du Texas Holdem. La sélection des mains détermine le style comportemental général des joueurs présents sur la table. Cette généralité est encore plus applicable dans la variante Rolls Royce du Poker. En effet, la variante du Texas Holdem est souvent accompagnée de gros pot et de grosses déceptions. Ces tendances varient également selon un facteur très déterminant : la position sur la table. Cette position varie à chaque donne. D'où une attention cruciale dans la sélection des mains à jouer.
La position la plus délicate du Poker est certainement la position où le joueur se trouve être en premier de parole « UTG ou Under The Gun ». Ses décisions sont scrutées et étudiées par le reste de la table. Au moindre faux-pas, la sanction des autres joueurs ne se fait pas attendre. L'idéal dans cette position est de jouer des mains comme AK jusqu'à AT. Les paires servies à partir de 9-9 sont également conseillés. Les connecteurs KQ et QJ ne sont pas à exclure également. La stratégie ici est claire : ne jouer qu'avec des mains fortes voire des Premiums quand cela est possible.
La position en milieu de parole est une place assez intéressante à jouer mais ne permet pas encore de jouer un très large répertoire de mains. Le point avantageux réside dans le fait que quelques joueurs ont agi et donc permet d'avoir un petit aperçu des actions précédentes. En outre, les mains telles que des connecteurs type JT et T-9 peuvent être joués si le danger est raisonnable mais de préférence pareillés. Les paires à partir de 6-6 sont également jouables sans trop de risques. KJ et QT ne sont pas à exclure également. Les As accompagnés peuvent bénéficier d'une indulgence plus large également – jusqu'à A-9 -
Être en dernier de parole est, par contre, un vrai régal. Le répertoire se voit nettement plus large et les actions plus libres. Cela s'explique par le fait que sur cette position, les actions des joueurs précédents déjà observés permettent de déterminer tranquillement l'action adéquate sans avoir dévoilé des informations aux autres joueurs. Les positions idéales ici sont Cut-off et Deal Button. Au niveau des mains, les petites paires sont les bienvenues car à ce niveau de position, voir le Flop ne devrait pas trop être un problème. Tous les As accompagnés seront aussi de la partie. Les connecteurs verront leur famille s'agrandir également. Les connecteurs jusqu'à 4-5 seront jouables s’ils sont pareillés. Au-delà, des connecteurs dépareillés sont aussi acceptables. Les mains marginales seront aussi possibles à jouer sous certaines conditions Preflop. S'entend par mains marginales : KT jusqu'à K-7 et QT jusqu'à Q-8. Les J-x peuvent se jouer jusqu'à J-7. Toutefois, la prudence sera toujours de mise car comme leur nom l'indique, elles restent des mains marginales.
Pour aller plus loin
Commençons une donne ensemble. Il y a dix joueurs à table. Nous sommes gros blind, c'est-à-dire que nous misons sans voir notre jeu : par exemple 10. Avant nous, le petit blind a misé 5. Gros blind, c'est une bonne position uniquement au premier tour d'enchères, parce que nous parlons en dernier. Nous disposons du maximum d'informations : le montant des enchères, les adversaires présents et ceux qui ont quitté prématurément la donne. Au gros blind, on aime bien recevoir des mains correctes pour défendre la mise initiale et compenser l'inconvénient de la position aux tours d'enchères suivants.
Justement, nous recevons une paire de 6 : une main dans le « top 40% ». Un bon début. Au hold 'em no limit, qui se joue avec deux cartes en mains, une paire servie, même faible, est nécessairement un bon jeu. Pourtant, l'analyse mathématique de cette donne va dévoiler toute la complexité du poker.
Le débutant pense que le premier facteur de décision est la hauteur de la main elle-même. En réalité, la force de cette paire peut varier du tout au tout en fonction d'autres facteurs, comme par exemple, le nombre de joueurs en lice.
Des chances qui évoluent
Distribution des cartes. Dix participants. Appelons les joueurs A, B, C, D, E, F, G, H, J, K. Nous sommes le joueur K, au gros blind, dernier à parler. Personne n'a enchéri. La paire de 6 affiche 11,0% de chances de gain. Faible, direz-vous ? C'est pourtant supérieur à la moyenne de 10% (il y a dix joueurs). Note : toutes les probabilités sont évaluées avec le logiciel PokerStove, méthode Monte Carlo.
A passe ; un adversaire en moins. Les chances de la paire de 6 montent à 12,5%. Un petit pourcent de plus pour un joueur de moins : pas terrible... B passe, la paire de 6 vaut maintenant 14,1%. C et D passent également. Respectivement 16,2% et 19,1% de chances de gain ! Pour l'instant, quatre joueurs ont passé, aucune enchère n'a été faite, et pourtant, la force de la paire a presque doublé ! Le nombre de joueurs est bien un facteur capital. Soudain, E enchérit 10 : il égalise votre mise de départ. Ce joueur est réputé prudent. Il possède donc une main de départ tangible. Les barèmes standard donnent par exemple : au moins une paire de 7, A-5, R-9, D-9, V-9, 10-9 assortis (même couleur) ou A-9 et R-V, D-V dépareillées (de couleurs différentes). En revanche, il n'a pas beaucoup mieux, sinon, il aurait relancé. Contre de telles mains, et quatre autres prises au hasard (celles des joueurs restant), les chances de la paire de 6 chutent à 18,4%. La faiblesse de la petite paire se révèle. F passe et la paire de 6 offre maintenant 22,8%. Intéressant. C'est un bond significatif qui illustre un phénomène mathématique : les paires n'aiment pas la foule. Elles deviennent vraiment fortes en petit comité.
Malheureusement, G, un joueur prudent, paye aussi. Il a quelque chose. La paire de 6 ne vaut plus maintenant que 22,3%. Soudain, H, un joueur réputé extrêmement agressif, relance de 70. Pour simplifier, on imagine qu'il a n'importe quelle main parmi : 9-9 et plus, A-V, R-D, D-V, V-10 assortis et A-D, A-R dissociés. La paire de 6 a chuté à 20,6%. Enfin, J (le petit blind), réputé très prudent, paye à son tour la relance. Il a une main correcte. Les chances de la paire de 6 ne sont plus que 21,5%.
Une seule carte change
Deuxième donne : une seule carte a changé : 6-5 au lieu de 6-6. Deux cartes faibles, c'est beaucoup moins fort qu'une paire. Et pourtant... Nous possédons des « connecteurs assortis ». Leur motivation première est la suite ou la couleur, deux combinaisons très fortes, et bien dissimulées.
6-6 et 6-5 sont des mains très différentes. Selon les enchères adverses, leur probabilité de gain évolue en sens inverse.
Lorsque joueur F passe, la paire de 6 atteint son potentiel maximum, pendant que 6-5 tombe sous la moyenne de la table.
Mais finalement, 6-5 sera meilleur que 6-6 pour défendre le blind.
La paire de 6 prenait toute sa force en table restreinte, contre un petit nombre d'adversaires. Pour les petits connecteurs, c'est le contraire : ils aiment la foule, parce que les tirages de suites et de couleurs vont rater tellement souvent qu'ils ont besoin de clients pour alimenter le pot. C'est le contraire de la paire.
Tant que les joueurs passent (les quatre premiers), la paire se renforce et les connecteurs s'affaiblissent. Mais dès qu'il y a un joueur engagé dans la donne, la paire faiblit et les connecteurs se renforcent. Finalement, à partir de trois joueurs engagés, 6-5 assortis s'avère meilleur qu'une paire de 6.
La prise de décision
Ces probabilités servent directement à prendre une décision. Il faut choisir de défendre le gros blind en payant, ou bien de l'abandonner. En fait, vous avez besoin d'un outil supplémentaire : c'est le théorème des cotes qui vous donnera la solution.