Sit and Go - Comment bien débuter dans les SNG ?
Les sensations du tournoi sans les inconvénients de temps et de durée ? Les Sit and Go constituent le compromis parfait. Rapides, disponibles sur le Net à tout instant et à tous tarifs, ils connaissent un immense succès, dû précisément à la commodité du format. La clef de la réussite de ces tournois : survivre. Et devenir un expert de la gestion de la bulle.
Les Sit and Go, couramment désignés par leur acronyme SNG, sont de petits tournois dont la plupart se jouent à une seule table et pendant lesquels les 2 ou 3 premiers remportent une fraction des sommes mises en jeu par tous les participants, fraction naturellement plus ou moins importante en fonction de la place. Bien qu’ils soient parfois disponibles en live, et notamment en marge des grands tournois internationaux, ils ont surtout fleuri sur Internet et se présentent sous diverses formes.
Ils peuvent comporter une, deux, voire quelquefois jusqu’à 3 tables. Mais nous ne nous intéresserons ici qu’aux SNG à une table, sachant que plus ils comportent de tables, plus ils se rapprochent d’un tournoi classique en termes de déroulement et de stratégie à adopter. La variable intéressante est ici le nombre de participants. On peut trouver des SNG d’une table à 6, 9 ou 10 joueurs. Pour les SNG à 6 joueurs, les deux premiers se partagent les mises de tous les inscrits (moins la contribution à l’organisateur, bien sûr…) dans un rapport qui tourne autour de 70/30%. Pour les SNG à 9 ou 10 joueurs, la répartition des gains est de l’ordre de 50, 30 et 20%, respectivement du premier au troisième.
La première décision importante à prendre avant de s’asseoir est le choix de la table de SNG suivant la structure des blindes, et notamment la vitesse à laquelle elles augmentent. Au début, les blindes sont extrêmement faibles par rapport au tapis initial des joueurs (10/20 pour un tapis de départ de 1500). Les SNG classiques voient les blindes augmenter toutes les 10 minutes, ce qui laisse beaucoup de temps pour développer son jeu. Si vous préférez un jeu plus rapide et plus agressif dès le début, orientez-vous alors vers les SNG « turbo » voire « ultra-turbo », où les blindes augmentent respectivement toutes les 5 minutes et toutes les 2 minutes 30s.
Certaines structures font également apparaître des antes à partir d’un certain niveau (généralement quand les blindes atteignent 100/200). Même si ce type de structure se rapproche ainsi davantage des structures de tournois classiques, l’apparition des antes n’influe pas réellement sur l’issue de la partie puiqu’ils apparaissent assez tardivement dans la partie et que le temps de jeu avec est en général assez court.
Dans tous les cas, prenez votre temps avant de vous installer à une table. Les SNG n’ont pas d’heure de départ fixe, ils démarrent dès que le nombre de joueurs requis est atteint : leur succès comme leur flexibilité font que vous ne manquerez pas de SNG si vous jouez sur un site affichant une fréquentation raisonnable.
Bien commencer
Parlons d’abord du premier objectif d’un SNG : finir dans l’argent. Contrairement à un grand tournoi où seulement 10% des participants sont payés, et où il est nécessaire d’accumuler beaucoup de jetons pour être in the money et aller se battre pour les premières places, dans un SNG, 30% des participants sont payés et le tournoi dure beaucoup moins longtemps. Il est donc moins primordial d’accumuler beaucoup de jetons dès l’ouverture des hostilités, mais ne vous en privez surtout pas si vous le pouvez ! L’essentiel est de survivre.
Outre la survie, l’autre avantage fondamental d’une stratégie très conservatrice en début de tournoi est là de projeter l’image d’un joueur serré, image que vous pourrez capitaliser ultérieurement, et qui vous permettra notamment de voler les blindes à un niveau du SNG où elles seront élevées (il ne sert à rien de les voler en début de partie quand elles sont encore négligeables). Il est d’autant plus bénéfique d’avoir cette image que vous resterez avec les mêmes joueurs jusqu’à la fin du tournoi. Dans un tournoi plus grand avec 50, 100, 500 joueurs ou plus, vous aurez sûrement au moins changé une fois de table quand les blindes deviendront significatives, et votre image de départ sera obsolète.
N’hésitez pas à voir quelques flops abordables avec des mains un peu plus marginales, mais n’oubliez pas que dans un premier temps, le plus important est de survivre et d'attendre prudemment que les bons "spots" se présentent, avant de passer aux choses sérieuses une fois que les blinds auront augmenté.
Gros tapis en début du tournoi ?
Dans le cas favorable où vous avez réussi à amasser un gros tapis dès le début du SNG, il vous faudra, pour tenir, éviter certains écueils. L’erreur la plus fréquente ? Devenir trop agressif. En effet, rien ne sert de risquer ses jetons à ce moment de la partie où la pression des blindes est très faible, pour vous comme pour vos adversaires d’ailleurs. Vous avez acquis un avantage qui ne se traduira effectivement que plus tard dans le SNG, quand les blindes seront plus conséquentes et que la bulle s’approchera. La meilleure chose à faire est de conserver une stratégie très conservatrice et de ne changer de vitesse qu’à l’approche de la bulle.
Faire preuve d’une agressivité excessive est une erreur très répandue. Beaucoup de joueurs deviennent ultra agressifs ou trop looses quand ils participent à un SNG, et se sentent obligés de voler les blindes et les pots dès la première main. Ils créent alors de gros pots avec des mains marginales (ce qui n’est jamais recommandé, surtout quand les blindes sont encore faibles) et se font piéger par les joueurs plus avertis.
Évitez également dans cette situation d’engager trop de jetons sur des coin flip avec des mains comme AR, AD et des paires moyennes. Alors que les places payées sont encore loin, beaucoup de joueurs tentent de doubler leur tapis en sur-relançant all-in dès qu’ils ont une main décente. Si vous suivez, même avec 50% de chances de gagner le coup, vous ne profitez pas de l’effet dissuasif de vos jetons. Effet qui sera beaucoup plus efficace au fur et à mesure que les joueurs se feront éliminer, et qui dans tous les cas sera mieux mis à profit en relançant qu’en suivant. À ce moment du tournoi, ne vous engagez dans des gros pots que si vous avez un avantage clair sur votre adversaire.
Medium-short stack en milieu de tournoi
Si vous avez entre 1000 et 1500 jetons (et que le tapis de départ était de 1500) après que quelques adversaires ont été éliminés, il y aura dans la plupart des cas un ou deux joueurs avec un gros tapis. Très souvent, ces joueurs, grisés par leur avance, deviennent trop agressifs et tentent de tyranniser la table. Ils ont tendance à relancer trop souvent, trop fort, et à suivre eux-mêmes de grosses relances avec des mains moyennes dans l'espoir d'en « éliminer un de plus ». Vous devez tirer avantage de leur propension à vouloir commander la table : essayez de doubler sur eux en jouant de manière agressive quand vous avez une bonne main.
Quand vous êtes médium à short stack en milieu de partie, de deux choses l’une : soit vous parvenez à augmenter votre tapis de sorte qu'il atteigne un niveau suffisant par rapport aux blindes, auquel cas la meilleure stratégie est de vous replacer en mode survie en attendant qu’il ne reste qu’un ou deux joueurs à éliminer pour changer de style de nouveau ; soit votre tapis continue à se réduire comme peau de chagrin et dans ce cas, vous devez devenir de plus en plus agressif à mesure que le rapport entre votre tapis et les blindes diminue. Il vaut mieux tenter d’atteindre une fois la bulle avec un tapis décent que 2 fois avec un tapis ridicule, ce qui justifie la prise de risque supplémentaire en situation de short stack.
Passer la bulle
La bulle est le moment crucial des SNG. Si vous en jouez beaucoup, c’est le moment qui aura le plus d’impact sur vos résultats, et vous y serez confronté très souvent – il va sans dire beaucoup plus souvent que lors des longs tournois classiques.
Une fois parvenu à la bulle, il vous faudra faire preuve de courage et d’un sens aigu de l’observation. Vous devez identifier les joueurs trop serrés qui essaient d’arriver dans l’argent sans prendre de risques, et leur voler leurs blindes. Mais méfiez-vous des changements de style de vos adversaires. Les bons joueurs deviennent plus agressifs à ce moment-là, et si vous restez ancré à votre première analyse, qui les avait catalogués « joueurs serrés », vous vous ferez grignoter sans pouvoir réagir. Dans le même temps, des joueurs loose en début de tournoi peuvent se liquéfier face à la vision d’un gain si proche et ne plus oser mettre un jeton au milieu de la table. Sachez aussi les identifier, pour jouer prudemment face aux premiers et agressivement face aux seconds.
Soyez prudents face aux joueurs ayant un très gros tapis, et ne les attaquez pas trop avec des mains faibles car ils ont tendance à être plus loose. Ne relancez pas non plus avec une main faible un joueur qui a un tout petit tapis et qui est dans les blindes, car il n’aura pas d’autre choix que de suivre votre relance.
Si votre tapis est faible, la stratégie la plus judicieuse est alors celle du all-in. Imaginons par exemple que les blindes sont de 100/200, et que votre tapis est de 1200. Vous décidez de relancer, et depuis le début du SNG, vous avez méthodiquement relancé à hauteur de trois fois la grosse blinde. Si vous relancez de 600 et qu’un adversaire vous sur-relance, il ne vous restera plus que 600 jetons si vous passez, ce qui est trop faible par rapport aux blindes. Ne donnez donc pas l’occasion à un joueur de vous mettre face à une décision difficile en vous relançant, avec l’espoir de vous voir coucher votre main : allez au tapis.
Même avec un stack plus confortable, le all-in peut s’avérer efficace pour annihiler la possibilité de bluff de vos adversaires, qui seront alors dans l’impossibilité de vous revenir dessus. En effet, certaines mains moyennes (A9, petites paires) sont des mains de défense qui peuvent justifier une sur-relance pré-flop de leur part quand les blindes sont importantes, sachant qu’il est toujours possible que le relanceur initial se couche. Cette fold equity disparaît face à un all-in.
Entre cash game et tournoi
Les SNG ont clairement le statut de tournoi : pas de rebuy autorisé, les blindes augmentent de façon régulière, et la stratégie à adopter est plus proche de celle des tournois classiques que du cash game. Ils sont d’ailleurs une excellente occasion de perfectionner votre tactique de tournoi. Les SNG permettent également de mettre à l’épreuve de nouvelles techniques, d’expérimenter des moves moins classiques et d’en voir les effets plus rapidement, car ils durent beaucoup moins longtemps, et il est possible d’en enchaîner plusieurs en peu de temps, voire en même temps sur le Net.
En revanche, en termes de résultats, les SNG se rapprochent plus du cash game et ils vous procureront des profits plus réguliers que les tournois avec beaucoup d’entrants. Avec ces derniers, il est plus difficile d’atteindre les places payées et vos résultats dépendront fortement des quelques tournois où vous toucherez une somme importante, ce qui peut être très long à venir. La fréquence des SNG auxquels vous participez peut être très élevée et, si votre stratégie est gagnante, la loi des grands nombres se matérialisera plus vite et plus facilement en profits réguliers, comme pour le cash game. Vous ne connaîtrez pas les longues périodes de disette qui peuvent accompagner les joueurs de tournois classiques. Le SNG, l’essayer, c’est l’adopter.